Pourquoi ce site ?
« Enfin Jean-Loup, ce sera ta dernière enquête… Il faut que tu te décides enfin à aller sur les réseaux sociaux pour faire connaître plus largement L’enjeu mais aussi toutes tes années d’enquêtes ! ».
Cela fait des années que Harald Bénoliel, fondateur et dirigeant de Libres d’écrire et IS Edition – l’une des rares maisons d’édition françaises à publier courageusement les enquêtes de journalistes d’investigation et de lanceurs d’alerte – n’en finit pas de me pousser vers le web.
Les réseaux numériques dits « sociaux » qui collectent et monétisent les données personnelles de milliards d’individus, ce n’est pas mon truc. Pas le temps et peu d’intérêt à paraître dans un environnement pour le moins pollué. Ces réseaux « sociaux » sont bien souvent sources de désinformation, de vulgarité et d’escroqueries pour ne pas parler de ceux qui y collectent massivement les informations mises en ligne par leurs utilisateurs.
Un rapport de la commission restreinte du Parlement britannique du numérique révélait déjà en 2017, après plus de 18 mois d’enquête sur Facebook et ses pratiques en matière de protection de la vie privée, que ce réseau « social » « avait volontairement planifié l’espionnage des utilisateurs ». Par la suite Facebook et le groupe Meta (Facebook, Instagram et WhatsApp notamment) ont été mis en cause à plusieurs reprises dans l’espionnage de leurs utilisateurs1.
Edward Snowden, ancien informaticien agent de la CIA et consultant du cabinet Booz, Allen & Hamilton, rattaché à la NSA et basé à Hawaï, fut de ceux qui, après ses révélations de juin 2013 sur les programmes de surveillance de masse du pouvoir de l’oligarchie anglo-saxonne, précisa leur rôle dans la collecte du renseignement : « Les entreprises qui gagnent de l’argent en collectant et en vendant des dossiers détaillés sur leur vie privée étaient autrefois décrites comme des “sociétés de surveillance” » déclara-t-il. Et, jugea au regard de ses connaissances et de son expérience du secteur, que « leur repositionnement en tant que “réseaux sociaux” est la tromperie la plus réussie depuis que le Département de la Guerre est devenu le Département de la Défense »2.
Rebaptisé à nouveau en 2025 « Département de la guerre » par l’administration Trump, celui-ci continue de se servir de ces réseaux comme des sortes de « filiales » à des fins diverses. Un officier des milieux impérialistes de Washington n’invite-t-il pas « l’Empire de la mort » à « commettre un bon paquet de massacres »3 pour imposer l’U.S. Imperium ?!….
Que vais-je aller faire là-dedans ? D’autant que je considère que le travail de chacun est socialement bien plus important que de paraître sur des couvertures de magazines ou des écrans derrière lesquels s’abritent des cohortes de pseudonymes, sans doute par peur de la lumière.
Le facteur humain
Pourtant, il est vrai que le vécu personnel de certaines situations aide les lecteurs à comprendre en quoi le métier de journaliste d’enquête et d’écrivain sur des faits de sociétés est un véritable sacerdoce. Ainsi que je l’explique ici dans l’entretien audio Le prolétaire de l’écriture, mener des enquêtes qui durent des mois, parfois même des années et qu’il faut financer pour préserver son indépendance n’a rien d’évident.
Ce métier-passion que j’ai choisi finit par s’emparer des rares journalistes qui le pratiquent. Dans la méthode pas grand-chose nous sépare du policier de la brigade criminelle qui recherche et assemble patiemment jour après jour, semaine après semaine, mois après mois les pièces du puzzle d’une enquête pour remonter l’organisation d’une filière criminelle. Et, tout comme lui, nos « rapports » doivent faire face à des formes variées de censure. Finalement, j’ai accepté la proposition de mon éditeur.
Pourquoi ? Parce que le travail important, l’engagement et les imprévus qui surgissent sur la route d’une enquête avant que celle-ci se finalise en un livre de 300 ou 400 pages restent souvent dans l’ombre.
Et, au bout d’un demi-siècle de journalisme dont trente années comme journaliste d’enquête indépendant, des faits qui me concernaient plus directement, et qui n’avaient à mes yeux rien d’essentiel, peuvent permettre aux lecteurs de mieux saisir les situations parfois cocasses qui peuvent embrouiller la recherche et la diffusion de la vérité vraie.
Sans aucune concession
Tel ce rédacteur en chef de VSD qui, en mars1993, censure la parution de mon enquête sur une filière de terroristes protégée par le pouvoir politique et des hauts fonctionnaires, preuves à l’appui, après l’avoir programmée trois jours auparavant !4 Le temps que le directeur du magazine rencontre un serviteur du pouvoir émargeant dans un ministère pendant le week-end…
Tel ce magistrat qui en décembre 2001 prononce l’interdiction de promotion et de diffusion de mon enquête publiée sous le titre Le Crédit Agricole hors la loi ? sous astreinte de 500 000 francs de l’époque par livre qui serait vendu tout en reconnaissant dans son ordonnance ne pas l’avoir lu, décision dont l’éditeur ne fera, très curieusement, pas appel !…
Tel cet autre éditeur parisien qui, alors que je lui soumets mon enquête sur un réseau de blanchiment au sein d’un grand groupe bancaire impliquant les dirigeants d’une filiale et des places offshore, me félicite pour mon « excellent travail d’enquête » avant de s’autoflageller : « On ne va pas scier la brache sur laquelle nous sommes assis même pour une belle enquête ! »5.
Ou cet autre éditeur qui refuse, en septembre 2003, de transmettre mon enquête qu’il a lui-même publiée aux… journalistes de l’émission Complément d’enquête qui souhaitent réaliser une émission en prétextant « nous ne nous occupons plus de ce livre (…) Nous n’en avons plus en stock (…) je ne sais pas où vous pouvez le trouver » (sic) alors que celui-ci figure toujours sur le site internet de la maison d’édition comme sur les principaux sites de vente par correspondance !
Ou ces plus de 2000 journalistes, députés et sénateurs qui se sont tous défilés alors que je leur transmettais, en novembre 2023 avec deux relances, dans Tous vaccinés, tous en danger ? (IS Edition) les preuves du plus grand trucage du marché public du médicament jamais réalisé au profit de sociétés transnationales de la pharmacie!
Ces faits posent d’autres questions. Par exemple, quelle solidarité les journalistes de ces salles de rédaction ont-ils apporté à leurs confrères victimes de la censure par des rédacteurs en chef ou des directeurs de programme ?
Seuls comptent les faits
Ces faits de l’ombre sur lesquels je reviendrai ici en détails je les adresse d’abord à mes lecteurs qui m’ont suivi au fil de ces années d’enquêtes. Ils m’apportent leur soutien non seulement en achetant mes livres d’enquêtes mais aussi par leur présence à mes conférences-débat, leurs questions et, pour certains, par les informations qu’ils me transmettent. Ils sont le cœur de la France qui bat et c’est à leurs côtés que tout journaliste d’enquête doit se trouver.
À partager également avec Harald Bénoliel et son équipe de professionnels qualifiés qui m’ont permis de donner suite à mes enquêtes là où d’autres médias et éditeurs se défilaient sous des prétextes divers afin de ne pas troubler la doxa du pouvoir.
Et, le geste est naturel, à mes confrères journalistes dont, pour les avoir vécus, je connais les difficultés qu’ils affrontent face à la censure : des confrères de France 2 et de France 3 qui m’interviewèrent sur mon enquête sur le groupe Crédit Agricole mais dont les directions interdirent la diffusion du reportage ; cette journaliste qui proposa un reportage sur la montée de l’intégrisme religieux en France à une chaîne publique au sein de laquelle elle travaillait mais que la direction des programmes refusa ; ce confrère journaliste d’investigation de L’Humanité qui mena une longue enquête sur des réseaux pédocriminels et « la curieuse apathie qui frappe les polices et les justices » de l’Union européenne sur laquelle la quasi-totalité des médias firent silence malgré la gravité des faits rapportés6 ; ces confrères auxquels le directeur de l’information de France Télévisions demande au mois de janvier 2024 de « faire une pause » dans leurs investigations sur les responsables politiques afin de ne pas gêner ces messieurs dans les « débats » des élections européennes; ces reporters de guerre et d’investigation de différentes nationalités qui, afin de contourner la censure, se sont groupés pour créer l’agence International Reporters et publier leurs reportages inédits sur la guerre en Ukraine, les massacres, la corruption incroyable et les assassinats odieux programmés du régime de Kiev avec l’aide de l’Otan7. A quand ces images et ces reportages dans des médias français ?!… À eux aussi je donnerai ici la parole.
Vous allez donc me retrouver également sur Telegram, sur X – Twitter, sur YouTube et sur ma page d’auteur d’Amazon.
Dès maintenant vous pouvez prendre connaissance de mes trente années de journalisme d’enquête en parcourant la rubrique « A propos », en écoutant les entretiens audios ou en visionnant les vidéos de L’enjeu comme celles de mes interventions à différentes occasions.
Une dernière chose : comme journaliste d’enquête indépendant, peu m’importe la nature du pouvoir : gauche, droite, « transgenres »… Seuls comptent les faits.
Et quand ceux-ci esquissent une vérité vraie qui dérange les tenants du pouvoir, à nous journalistes de la mettre au grand jour et à vous, amis lecteurs et internautes, de la relayer.
Trente années d’enquêtes ça use mais comme le proclame si bien le poète chantant Jean Ferrat, « Tout à couleur de l’espérance / Que l’on se batte dans la rue / Où qu’on y danse / Au printemps de quoi rêvais-tu ?»…
Continuons de rêver et l’avenir ne sera pas maudit.
Notes
1. Facebook redouble de nouveautés pour vous espionner…et ça fait peur, par Alexandfre Saviana, Marianne, 21 janvier 2018. « Localhost tracking » explained. It could cost Meta 32 billion (Le « suivi local » expliqué. Il pourrait coûter 32 milliards à Meta.), par Jorge Garcia Herrero, Zero Party Data, 10 juin 2025. Et : Meta vous espionne même en mode incognito ! par Korben (www.korben.info), 10 juin 2025.
2. Edward Snowden: Facebook is a surveillance company rebranded as ‘social media’ (Edward Snowden : Facebook est une société de surveillance rebaptisée « médias sociaux »), par Daniel Chaitin, Washington Examiner,18 mars 2018. Que révèle vraiment l’affaire Edward Snowden (Prism) ? Centre de documentation de l’Ecole militaire, bulletin de veille 26 du 28 septembre 2013.
3. Lire Les destructeurs, par Jean-Loup Izambert, Ed. Jean-Cyrille Godefroy.
4. Lire 56 – Tome 1 : L’Etat français complice de groupes criminels, et 56 – Tome 2 : Mensonges et crimes d’Etat, par Jean-Loup Izambert, IS Edition.
5. Les démons du Crédit Agricole, par Jean-Loup Izambert (avec Hugo Nhart), éd. L’Arganier.
6. Livre de la honte : les Réseaux pédophiles, par Serge Garde et Laurence Beneux, éd. Le Cherche Midi.
7. Ibid.3.

