Publié par Jean-Loup Izambert, le 2 octobre 2025

Qui vide les caisses de l’État ?

Qui vide les caisses de l’État ?

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« Les caisses de l’Etat sont vides », « la France ne travaille pas assez »… C’est le leitmotiv des dirigeants qui se succèdent à la tête de l’Etat français. Mais qui les vide alors que ceux-ci dépensent des milliards pour la guerre ?

Dans le cadre d’une étude commandée par la CGT, les chercheurs du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) et du Lille Economie Management (LEM) de l’Université de Lille ont établi que l’intervention de l’Etat dans l’économie n’a cessé de croître pour atteindre 203,2 milliards d’euros en 2023. Et, en 2024 certains postes ont considérablement augmenté.

Par exemple, selon la Commission des comptes de la Sécurité sociale, le manque à gagner provenant des différentes exonérations de cotisations sociales est passé de 74,3 milliards d’euros en 2021 à plus de 90 milliards d’euros pour 2024 ! S’y ajoutent également des aides de l’Union européennes estimées à près de 10 milliards d’euros soit un montant total de plus ou moins 250 milliards d’euros que je détaille dans L’enjeu.

Trop de charges, vraiment ?

Dans le même temps, le grand patronat, principal bénéficiaire de ces soutiens, ne cesse de pleurnicher avec ses « boîtes de propagande » sur les charges des entreprises qui seraient trop lourdes en France. Faux. Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) établit au contraire que « depuis le début des années 2000, les sources de financement de la protection sociale dans l’UE-27 ont évolué dans le sens d’un accroissement de la part des contributions publiques et d’une baisse de celle des cotisations employeurs ».

Les videurs de caisses

Que fait le grand patronat de ces milliards d’euros ?

Dans un rapport publié en novembre 2020, les économistes et statisticiens de France Stratégie, institution d’expertise et d’analyse prospective placée auprès du Premier ministre, constatent : « Depuis 1980, la France ne cesse de se désindustrialiser » et « les branches industrielles ont perdu près de la moitié de leurs effectifs (2,5 millions d’emplois) » entre 1974 et 2018.

Au point que les entreprises françaises « sont ainsi devenues les championnes de la délocalisation. » Cette désindustrialisation « est à la fois structurelle, artificielle et inquiétante. » La caste des grands propriétaires privés de la finance et de l’économie s’enrichit de cette casse industrielle qu’ils organisent ainsi que je le décris dans L’enjeu :

  • Selon L’Observatoire des multinationales, « entre début 2020 et fin 2023, les groupes du CAC 40 ont engrangé 486 milliards d’euros de profits » ;
  • Sur la période 2005-2023 la rémunération totale moyenne des dirigeants des sociétés du CAC 40 est passé de 4,86 à 7,1 millions d’euros et de 3 à 4,3 millions pour ceux du SFB 120 ;
  • Les 31 milliards deuros versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2005 sont 98,2 milliards d’euros en 2024.

Ces chiffres sont à mettre en regard du coût du chômage dont les sociétés du CAC40 sont les premières responsables et de celui de leur évasion fiscale qui fait perdre chaque année à la France un minima de 24 milliards (23,671) d’euros de recettes fiscales. Tels sont les videurs des caisses de l’Etat protégés par les politiciens domestiques dont ils assurent la promotion et financent les campagnes électorales.

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